Rapport 2017

Premiers Gestes-Tunis

(17-21 mars 2017)

 

Financement, préparation et organisation.

Il faut d’abord noter qu’à la différence de la session de l’année dernière qui a été organisée avec très peu de moyens, Archipels Images n’ayant aucune subvention ni aide, la session de cette année a bénéficié d’un soutien éminemment important de la fondation AFAC (The Arab Fund for Arts and Culture) Le Fonds Arabe pour les Arts et la Cuture dont l’apport porte également sur les prochaines sessions, celles de Beyrouth et d’Alexandrie,. L’institut français a sensiblement augmenté son aide sans parler évidemment de notre partenaire principal Nachaz dont la participation à la fois financière, logistique et humaine a été décisive. Quant à Arts Distribution et Hakka Distribution, ils ont été, comme l’année passée, fortement impliqués. Leur soutien a été précieux. Qu’ils soient tous remerciés. Et vivement.

La Programmation

Encore une fois, fidèle à son esprit, l’Association a choisi des films de jeunes cinéastes, premières œuvres, dont la valeur se situe à la jonction du  sujet et de la mise en scène, sans tenir compte a priori, de leur valeur d’échange commerciale ou culturelle. Le principal critère de choix a été la force de la pertinence poético-politique et la portée suggestive de la  proposition. Il se trouve que ce qui traverse l’ensemble des films est précisément la question du territoire, interrogée comme champ de déploiement des sujets traités et espace d’expression, objet réel et sujet représenté. Autant de courts que de longs métrages. 14 en tout et sans forcer la représentativité géo-politique, méditerranéens au sens large, avec un joli détour suisso-malgache, ni chercher aucune parité faussement égalitariste.

Loin de l’obsession de l’exclusivité, d’abord soucieux de la cohérence de la programmation, nous n’avons pas forcément cherché à projeter des films jamais montrés en Tunisie, mais des œuvres originales et significatives au regard de notre conception du cinéma. N’empêche que certains ont été montrés pour la première fois (La nuit et l’enfant, Little eagles, Vers la tendresse, Fatima, Burûq, Nirin), n’empêche que pour que The last of us ce fût la première après les JCC. Nous n’avons pas non plus forcément cherché des films primés dans les festivals mais n’empêche que Vers la tendresse ait obtenu, après que nous l’avons sélectionné, l’oscar du court métrage en France et que The last of us ait été primé à Venise.

Le dépliant en français et en arabe 

Affiche 

Projection de Bezness as usual à l’Auditorium de l’Institut Culturel français.
Ouverture à CinéMadart.
Débat de Little eagles au Rio.
Saad Chakali, intervenant sur la « place du spectateur ».

Les ateliers

Deux ateliers ont été organisés, l’un de critique et d’animation de ciné-club et l’autre de réalisation. Rappelons que les ateliers, comme la table ronde et comme les débats après les projections, ne sont pas une activité « en plus », un complément qui s’ajoute aux projections pour remplir la programmation. Ils sont constitutifs de l’action, toute « exposition » des œuvres ne peut plus se passer de la participation du public.

L’atelier de critique

Séance de travail dans les locaux de l’Association du Printemps.

Pour l’atelier de la critique, les participants étaient au nombre de huit, tous étudiants, pour la plupart en lettres, aux facultés du 9 avril et de La Manouba. Certains d’entre eux avaient déjà participé à l’atelier de critique Premiers Gestes 2016 et nous étions contents de les voir revenir.

Nous leur avons donné rendez-vous le premier jour à l’IFT pour la projection de Bezness as usualà laquelle ils ont assisté avec les élèves du lycée Mendès France. Nos séances de travail se sont tenues à partir du lendemain dans les bureaux de L’Association du festival du Printemps, attenants à la salle Le Rio, trois matinées durant, celles du samedi 18, du dimanche 19 et du lundi 20, de 9h30 à 13h. Enfin, le dernier jour, mardi 21, nos participants ont assisté avec nous à la table ronde à l’Auditorium de l’IFT (tout débat et échange d’idées autour de notre sélection les concernant en priorité).

Tous motivés et assidus au ciné-clubs de leurs facultés respectives, ils avaient évidemment compris notre exigence première : qu’ils assistent à toutes les projections de 15h au Rio.

L’atelier de réalisation

Séance de tournage du Balcon

L’atelier de réalisation, animé par trois cinéastes (Nina Khada, David Yon et Djamel Kerkar), s’est déroulé du 17 au 21 mars au local de l’association Nachaz. Les participants ont été choisis suite à la publication d’un appel à participation sur les réseaux sociaux. Les thèmes annoncés dans cet appel à participation sont le portrait et la ville. Les participants étaient au départ six, il y a eu deux désistements le deuxième jour.

Le premier jour (17 mars) était consacré d’abord à une rapide mise au point sur le lexique du cinéma et ce qu’il recouvre : valeur des plans, mouvement de caméra, types de montage, etc. Durant cette première journée, les participants ont été invités à réfléchir à des sujets et à commencer l’écriture.

Lors de la deuxième journée, trois projets de courts métrages ont été exposés par les participants. Une initiation technique (maniement de la caméra du zoom audio, etc.) a précédé l’étape le tournage qui a commencé dans l’après-midi du 18 mars. Etant quatre, les participants se sont aidés les uns les autres pour tourner leurs films.

Le tournage s’est poursuivi lors de la journée du 19 et les deux derniers jours ont été consacrés au visionnement des rushes, au montage image, au mixage et à l’étalonnage.

Le montage image était une étape cruciale, les participants avaient préparé une première version qui a été discutée par les animateurs : la discussion a porté sur le rythme des images en ce qui concerne le film intitulé Nessim réalisé par Leila Galai et Kais Baccour, sur les régimes de la représentation dans A contre voix  de Amjède Dridi qui a été invitée à ne retenir dans son film que les images qui relèvent du régime de la performance. Enfin, le montage du Balcon  de Anissa Troudi a été retravaillé en fonction du rapport entre le texte (écrit par elle et lu en voix off) et l’image : il fallait notamment éviter de tomber dans l’illustration du texte par les images.

Les trois courts réalisés ont été montrés le 21 mars à 17 au Rio. Un débat entre participants à l’atelier de critique et participants à l’atelier de réalisation a suivi la projection.

A contre-voix(e) de Amjed Dridi

Nessim de Leila Galai et Kais Baccour

Le Balcon de Anissa Troudi

Débat de clôture avec Ala Eddine Slim 

15èmes Rencontres Cinématographiques de Bejaia

                                      (9-15 septembre 2017)

L’association Proect’heurts nous a accordé une carte blanche durant la 15ème session des Rencontres cinématographiques de Bejaia qui s’est déroulée du 9 au 15 septembre 2017. Une séance de projections à la Cinémathèque et une séance de café-ciné au théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh ont été aimablement offertes. Nous avons convenu que la séance de projections serait consacrée à des courts métrages, choisis naturellement dans notre répertoire Premiers Gestes. Quant à la séance matinale du café-ciné, nous l’avons consacrée en partie à parler de l’action d’Archipels Images à travers notamment Premiers Gestes et en partie à la présentation du livre de notre ami et membre de l’Association Saad Chakali, Jean-Luc Godard dans la relève des archives du mal, l’Harmattan, 2017.

Nous aurions aimé organiser une session entière de Premiers Gestes comme à Tunis, à Alexandrie et à Beyrouth. Cela ne nous a pas été malheureusement possible pour des tas de raisons liée essentiellement au contexte institutionnel et associatif du cinéma ; aussi avons-nous voulu que notre participation aux RCB soit le début d’une action que nous somme déterminés à mener dans le futur sous une forme plus complète.

Les projections ont eu lieu le 11 septembre à 14h avec les courts métrages suivants :

« On est mieux comme ça » de Mehdi Barsaoui, 19′, Tunisie 2016

« Nirin » de Josua Hotz, 15′, Madagascar/Suisse 2015

Vers la tendresse de Alice Diop, 39′, France 2015

La séance a été présentée par Tahar Chikhaoui, le Président de l’Association au cours de laquelle il a également présenté de façon succincte Archipels Images. Un débat a suivi les projections qui ont été assez largement suivies par le public local (plus de 60 spectateurs).

Pour la rencontre du café-ciné, une première partie a été consacrée à Archipels Images et à la philosophie qui préside à ses activités aussi bien en termes de projections de films, d’accompagnement des réalisateurs, d’ateliers et de débats. au cours de la deuxième partie, Tahar Chikhaoui a présenté le livre de Saad Chakali et une discussion riche s’en est suivie avec les présents dont le nombre a tourné autour d’une vingtaine, un chiffre honorable eu égard à la moyenne habituelle de l’assistance.

Tahar Chikhaoui a par ailleurs participé, à titre bénévole, à la présentation d’autres films programmés dans la 15ème session des Rencontres.

Tahar Chikhaoui présentant la séance de courts métrages Premiers Gestes
Au théâtre Abdelmalek Bouguermouh, en compagnie de S. Chakali autour de son livre sur Godard

Premiers Gestes-Alexandrie

          (16-20 septembre 2017)

L’organisation :

Pour l’organisation de Premiers-Gestes Alexandrie, nous avons mis à contribution notre partenaire principal Gudran et son équipe pour tout ce qui concerne la gestion financière, administrative et logistique. Ainsi Wekalet Behna – l’un des espaces artistiques que dirige Gudran et qui s’occupe de cinéma, d’image animée et d’arts visuels- a abrité l’atelier de la critique de cinéma et celui de la réalisation ainsi qu’une partie des projections. Nous avons également eu un partenariat avec l’Institut français d’Alexandrie qui a accueilli la deuxième partie des projections et la table ronde. Un soutien nous a été également apporté par le réseau des écrans arabes alternatifs NAAS (Network of Arab Alternative Screens) sans oublier “le centre d’études alexandrines” pour l’hébergement des cinéastes invités et des organisateurs de la manifestation.

La programmation :

La sélection des films s’est appuyée essentiellement sur les critères esthétiques, politiques et éthiques qui sont à la base de la pensée d’Archipels Images et qui président aux choix de Premiers Gestes. Des expériences cinématographiques méditerranéennes jeunes qui, tout en étant personnelles, cherchent à comprendre le monde environnant à travers des images à valeur expérimentale qui ne cherchent pas nécessairement à répondre aux normes répandues de la brillance, de l’artifice et de la cohérence en cours dans le cinéma commercial, dans les médias ou les festivals réputés ; des images qui s’emploient à repenser les jugements esthétiques établis dans la forme et le contenu notamment dans le monde arabe.

Nous nous sommes inspirés en partie des Premiers Gestes-Tunis pour ce qui concerne les nouvelles expériences cinématographiques en Afrique du Nord. Les projections ont eu lieu à raison de deux projections par jour, la première à 17h à Wekalet Behna et la deuxième à 20h à l’Institut français à Alexandrie. La présence a été variable et diversifiée, entre 30 spectateurs à Wekalet Behna et 50 à l’Institut français. Le public a pu discuter avec les quatre réalisateurs présents et participé aux débats après les projections qui ont été toutes animées par un critique.

L’atelier de la critique :

À la suite d’un appel à candidature lancé une semaine avant le début de la manifestation, plus de dix candidats ont été choisis. L’animation a été assurée par Aly El Adawy, Hajer Bouden et Tahar Chikhaoui. Les participants ont pris activement part à l’atelier qui a duré tout le long de la manifestation, ils sont composés d’étudiants, de nouveaux diplômés cinéphiles et des amateurs de critique et d’analyse de films. Certains ont écrits des textes qui seront publiés Dans les sites “Tara el Bahr” et celui d’Archipels Images.

La table ronde s’est tenue à la salle de projections de l’Institut culturel français à 13h le dernier jour de la manifestation. Autour de quinze personnes étaient présentes. Les débats ont tourné, comme prévu, autour des cinémas des pays du Maghreb, l’Algérie et la Tunisie en particulier, et du renouveau que ces cinémas ont connu dans les sujets traités et leurs modes de traitement. Malgré la modeste présence des participants, ceux-ci étaient particulièrement actifs et attentifs. L’animation a été assurée par Tahar Chikhaoui en présence de Hajer Bouden.

L’atelier de la réalisation :

Après une sélection en plusieurs étapes, trois candidats ont été retenus ; ils ont été encadrés par trot is animateurs, Nina Khada, David Yon et Laurent Thivolle qui sont également venus accompagner leurs films, au programme de la manifestation. Le principe était de choisir des réalisateurs venant d’horizons culturels différents de ceux des participants. Insaf Machta, critique de cinéma, enseignante universitaire et présidente de Sentiers a assuré la coordination générale de l’atelier. Le thème choisi a été la ville et le portrait en décors intérieurs, notamment en raison de l’impossibilité d’obtenir une autorisation de tournage en ville. Trois courts métrages ont été réalisés et projetés lors de la soirée de clôture. Un débat s’en est suivi qui a été animé par les participants à l’atelier de la critique. L’échange a été vivant et très instructif

Liens des films de l’atelier de réalisation :

My oncle Ali de Khaled Gamal

Someone else de Mahmoud Youssef

Journées du Cinéma Tunisien-Toulouse

(13-15 octobre 2017)

Archipels Images a activement pris part à l’organisation de cette manifestation consacrée au cinéma tunisien d’aujourd’hui sur une initiative de deux associations toulousaines Citoyens des deux rives et Jasmin Tunisie Liberté Démocratie avec la collaboration de la sallede cinéma Le Rio (Tunis). Trois journées dont la programmation a été en grande partie confiée à Archipels Images. Les projections ont eu lieu à la salle ABC de Toulouse dont les responsables ont aimablement accepté d’accueillir l’événement. Cinq longs métrages ont été programmés :

  • A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid
  • The last of us de Ala Eddine Slim
  • Corps étranger de Raja Amari
  • Bidoun 2 de Jilani Saadi
  • Zeineb n’aime pas la neige de Kaouther Ben Hnia

Les films ont été projetés en présence de leur réalisateur sauf A peine j’ouvre les yeux et Zeineb n’aime pas la neige, Leyla Bouzid et Kaouther ben Hnia s’étant excusées pour des raisons de calendrier. The Last of us a été représenté par son producteur Chawki Knis. Toutes les séances ont été animées par Tahar Chikhaoui, le Président de l’Association. Le débat a évidemment porté sur chaque film après la projection mais nous avons tenu à ce que de séance en séance on avance pour mieux faire connaître au public toulousain le renouveau que le cinéma tunisien a connu notamment depuis la Révolution de janvier 2014. C’est pour cette raison que le choix de la programmation a porté sur des cinéastes ayant des sensibilités différentes. Les discussions quoique, il faut le noter, assez peu suivies (on s’attendait à un accueil plus important du public en raison notamment d’une communication qui n’avait pas bénéficié de moyens conséquents) ont suscité l’intérêt des présents.

Par ailleurs, une rencontre a eu lieu dans le hall de la salle samedi en début d’après-midi, garni à l’occasion par une exposition d’une vingtaine d’affiches de films.  Elle a été animée par Tahar Chikhaoui en présence de Jilani Saadi, Chawki Knis ainsi que Yosr Guesmi jeune cinéaste tunisienne, co-auteur avec Mauro Mazocchi également présent du très beau et étonnant film L.E.N.Z, je veux devenir fou, fou, furieux qu’on aurait aimé projeter à l’occasion mais la programmation de la salle ne pouvait pas souffrir la longue du film (6heures). Le débat a tourné autour des thématiques des films, mais elles ont surtout porté sur les nouvelles esthétiques ainsi que sur les différents modes de production qui ont marqué le paysage ces dernières années, la présence de Chawki Knis, producteur indépendant et audacieux, situé en marge du système ainsi que celle de Jilani Saadi, réputé pour sa méthode totalement autarcique, ont grandement enrichi un débat qui a duré plus de deux heures.

Un bilan a été fait avec les organisateurs locaux notamment Rifiq Ben Amor sur la manifestation et notamment les raisons de l’accueil qui était, comme on le notait plus haut, en dessous de nos espoirs. La manifestation étant à ses débuts, la nécessité de la développer et, éventuellement de l’élargir à d’autres cinématographies voisines, a été soulignée. La proposition de Archipels Images est de ne pas rester confiné dans des configurations territoriales, géo-politiques et d’aller plus vers des territoires plus cinématographiques et plus larges.

Avec Raja Amar après la projection de Corps étranger
Avec Jilani Saadi après la projection de Bidoun2
Avec Chawki Knis après la projection de The Last of us
Débat avec le public après la projection de Corps étranger
Rencontre autour du cinéma tunisien à l’ABC

Le politique au cinéma : Menzel Bourguiba  

(28-30 octobre 2017)

Il s’agit d’une manifestation cinématographique qui a été organisée en partenariat avec les associations : Nachaz, Archipels Images, le ciné-club de Menzel Bourguiba, l’association pour l’édification d’une culture de la citoyenneté de Menzel Bourguiba et avec la maison des jeunes de Tinja.
Le choix du thème pour la manifestation est en partie motivé par des traditions de militantisme associatif et culturel qui s’enracine dans une ville ouvrière qui a vu naître, grâce à l’engagement des membres du ciné-club, un festival du film ouvrier qui en est à sa quatrième session. Il s’agissait à la fois pour nous de penser le politique et sa représentation et de penser le cinéma comme geste politique à travers un choix de films directement ou indirectement politiques afin de nous arrêter sur des déclinaisons différentes de la présence du politique dans le cinéma : cela pouvait aller du parti-pris frontal aux représentations les plus décalées, les plus décontextualisées ou encore les plus personnelles. Mais le politique n’était pas seulement pour nous un thème ou une matière à réflexion, c’était aussi une pratique dans la mesure où il se manifeste à travers la vocation participative de notre manifestation, car à côté des projections publiques qui ont eu lieu au Métropole (la seule salle de cinéma qui existe à ce jour à Menzel Bourguiba), nous avons organisé deux ateliers : un atelier d’analyse filmique et de critique et un atelier de réalisation destinés à un public jeune qui était amené à développer sa créativité dans deux domaines contigus et complémentaires : la lecture de l’image et sa fabrication. Il y avait trois volets dans cette manifestation :
• Des projections suivies de débats animés par des critiques (à raison de deux projections par jour : 1 séance de courts métrages et 5 séances de longs métrages).

Les films projetés sont les suivants :
• Courts matréges : Le Cuirassé Abdelkarim (Walid Mattar, Tunisie), Crocs urbains (Marouane Meddeb, Tunisie), Comment recadrer un hors-la-loi en tirant sur un fil (Lamine Ammar-Khodja, Algérie/France), Fatima (Nina Khada, France), On est bien comme ça (Mehdi Barsaoui, Tunisie).
• Longs métrages : Saida malgré les cendres (Soumaya Bouallagui, Tunisie), Le Dictateur (Charles Chaplin, USA), Chantiers A. (Tarek Sami, Lucie Dèche et Karim Loualiche, France), The last of us (Alaeddine Slim, Tunisie), Ce qu’il reste de la folie (Joris Lachaise, France).
• La projection du Dictateur était destinée essantiellement à un public d’écoliers et de collégiens. Parmi les collégiens, certains sont venus Khetmine accompagnés de leur professeure.
• Animateurs des débats : Saïda Hamdi (ciné-club Menzel Bourguiba), Sofia Znati (ciné-club Menzel Bourguiba) Hajer Bouden (Archipels Images), Amna Guellali (Sentiers), Insaf Machta (Sentiers) , Tahar Chikhaoui (Archipels Images)
• Un atelier d’analyse filmique et de critique : animé par Hajer Bouden, Tahar Chikhaoui et Amna Guellali. Il s’agissait de creuser la problématique du politique dans le cinéma à partir des analyses d’extraits des films qui ont été projetés dans la salle Le Métropole et de proposer aux participants d’écrire des articles sur ces films. Nombre de participants : 8 jeunes de Menzel Bourguiba et de Tunis.

Un atelier de réalisation : animé par la cinéaste Soumaya Bouallagui, assistée au niveau du montage par Fakhreddine Amri. Il a été proposé aux participants de filmer la vie publique à partir d’un angle de vue personnel. Les animateurs étaient tellement à l’écoute de ce qui préoccupe les participants que l’exploration du personnel a pris le pas sur la thématique de la vie publique.
Nombre de participants : 6 jeunes de Menzel Bourguiba et de Tinja.
Deux courts-métrages documentaires ont été réalisés dans le cadre de l’atelier et projetés lors de la clôture de la manifestation le 30 octobre au Métropole. Un débat avec les jeunes réalisateurs a suivi la projection.

Les films réalisés se trouvent sur la chaîne Youtube de Sentiers-Massarib
Le premier film raconte d’une manière à la fois personnelle et décalée la perte d’un être cher :
https://www.youtube.com/watch?v=QFGtV_lT4zw&feature=share
Le deuxième a trait à la représentation d’un sport marginal, faisant partie aussi des arts de la rue, pratiqué par des jeunes de Menzel Bourguiba et donne à voir un regard singulier sur la ville
https://www.youtube.com/watch?v=a24_Vwcpjt0&feature=share

Festival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt

(10-17 novembre 2017)

Comme l’année passée, Archipels Images est intervenue aussi bien en amont du festival dans la préparation des jurys lycéens, et de l’équipe de la gazette que durant la manifestation proprement dite dans la présentation des films. Tahar Chikhaoui a durant quatre sessions rencontré les jeunes au local de l’association à Apt pour les initier à la culture du cinéma en général et du cinéma africain en particulier. Il a également encadré les membres de la gazette du festival dans leurs productions jusqu’à la publication finale de leurs articles. Durant le festival, il a eu à présenter plusieurs films programmés durant la session et en particulier celui, en l’occurence The Last of us de Alaa Eddine Slim, proposé par Archipels Images dans le cadre de la carte blanche qui lui a été proposée par le FCAPA. Hajer Bouden a, elle aussi présenté plusieurs séances de projection et animé des débats avec le public.

Jurys élèves et membres de la gazette FCAPA 2017
Hajer Bouden animant le débat avec Djamel Kerkar après la projection de Atlal
Présentation d’une séance de courts métrages

La gazette :

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Premiers Gestes-Beyrouth  

(27 nov.- 2 déc. 2017)

Le programme

L’édition de Beyrouth était programmée dès le lancement du projet, à savoir depuis fin 2015. La raison, simple, en était notre souci d’établir un minimum d’équilibre entre l’est et l’ouest du sud de la Méditerranée. Naturellement, cela ne répondait à aucun calcul géo-stratégique ; nous voulions juste participer à renforcer les liens entre les jeunes venant du Maghreb et ceux du Moyen-Orient. De là est venue notre choix d’intégrer quatre pays (La Tunisie et L’Algérie d’un côté et l’Egypte et le Liban de l’autre) dans notre champ d’action. Mais nos appréhensions étaient fortes au sujet du Liban à cause de la difficulté de trouver un partenaire en mesure de nous faciliter l’entrée dans les milieux des jeunes cinéastes comme cela avait pu être le cas en Egypte avec Gudran ou en Tunisie avec Nachaz et Sentiers.

En dépit de tout cela, nous nous sommes lancés dans l’aventure et force est de reconnaître que notre succès a été relatif.

Nous avons alors choisi comme vis-à-vis Myriam El Hajj qui nous avait exprimé, à plusieurs reprises, son désir de participer à la tenue d’une action à Beyrouth. Nous devons reconnaître qu’elle a déployé beaucoup d’efforts pour ce faire même si nous avions toujours préféré traiter avec des associations ou des critiques. Il faut d’ailleurs rappeler que Myriam El Hajj fait partie des réalisateurs dont nous avions sélectionné les films (Trève en l’occurence) dans l’édition de 2016 à Tunis. C’est de là qu’est arrivée l’ALBA (L’Académie Libanaise des Beaux Arts) où elle enseigne. Après quoi, nous nous sommes adressés à la salle Metropolis comme lieu de projections des films pour l’importante place qu’elle occupe au Liban.

Les préparatifs

Il était prévu que l’action se déroule au printemps mais le calendrier des cours ne l’a pas permis perturbé à cause des travaux prévus de rénovation de l’école, programmés à cette époque. Nous avons alors repoussé une première fois la date au mois de juin et une deuxième fois à plus tard, pour les mêmes raisons, jusqu’à ce qu’on se soit mis d’accord sur la fin du mois de novembre et le début du mois de décembre. Période dont il faut dire qu’elle est très difficile du fait du nombre important des manifestations organisées à cette époque de l’année.

Préparatifs et Affichage en ville

La programmation

il faut d’abord noter que l’ALBA nous avait demandé de proposer des films documentaires pour des raisons liées au programme des étudiants, critère que nous n’avons pas l’habitude d’intégrer dans nos grilles de programmation. Nous avons, malgré tout, réagi positivement et rapidement à la proposition. Peut-être aurions-nous dû discuter davantage cette question et peut-être aurions-nous dû également consulter Metropolis sur le choix des films pour tenir compte un tant soit peu de l’esprit de la salle et des habitudes du public. À cela s’est ajoutée une autre contrainte : la brièveté de la durée de la manifestation, en raison des engagements antérieurs de la salle. Mais il faut reconnaître, là encore, que les responsables du lieu nous ont offert toutes les conditions techniques et logistiques nécessaires au bon déroulement de l’événement.

À Metropolis

La communication

Il faut reconnaître que nous n’avons pas été au niveau de l’événement eu égard à qu’il aurait fallu faire en direction du public (la communication ayant été prise en charge par nos partenaires locaux) ; ce travers est à éviter absolument dans l’avenir.

L’atelier de la critique

Le plus grande faiblesse de la manifestation a été l’absence de l’atelier de réalisation car nous avons toujours été convaincus et ce dès le début de nos actions que l’atelier de réalisation est une composante essentielle de Premiers Gestes. Nous avons été surpris d’apprendre à la dernière minute que le programme des étudiants ne le permettait pas. A partir de ce moment-là nous avons diminué le nombre des cinéastes invités (nous n’étions que deux à partir, Lamine Ammar-Khodja et moi-même) d’autant plus que nous n’étions plus sûrs de la disponibilité des étudiants pour assister aux projections. Notons que Myriam Hajj a multiplié l’expression des ses regrets quant à l’impossibilité dans laquelle elle s’était trouvée d’infléchir le cours des événements.

En revanche, l’atelier de la critique a relativement bien marché. Il a eu lieu à l’intérieur des locaux de l’ALBA dont les responsables nous ont ouverts ses portes même un jour férié. Nous l’avons animé, Lamine Ammar-Khodja et moi-même en présence de Myriam El Hajj.

L’atelier de la critique à l’ALBA

L’acceuil du public

L’accueil a été faible, comparativement à nos éditions précédentes. Mais toutes les personnes à qui nous avons eu l’occasion d’en parler nous ont assuré que cela était bien prévisible à cause de la nature des films programmés, difficiles pour le public libanais, s’agissant, en plus, de documentaires arabes pour l’essentiel, peu prisés y compris par le public averti. Dans tous les cas, et en dépit de notre désir d’avoir le plus grand nombre de spectateurs, la nature de nos actions n’attire pas le grand public. Nous le savons parfaitement et notre objectif n’est pas tant de réaliser un grand nombre d’entrées quel que soit le prix que de veiller au respect du public.

Les rencontres en marge de la manifestation

Nous nous devons de préciser que l’une des spécificités de cette édition a été les contacts que nous avons tenu à avoir et qui étaient très importants. La rencontre la plus importante a été celle que nous avons eue avec la direction d’AFAC, rencontre décisive dans l’évaluation de nos actions. Nous nous félicitons aussi d’avoir pu rencontrer le cinéaste Ghassan Salhab qui nous a fourni de précieuses informations sur le contexte général de la culture au Liban et indiqué des pistes pour l’avenir. Egalement importante a été la visite que nous avons effectuée à l’espace Daouaouine, espace alternatif très actif. Tout cela nous aidera à repenser nos activités futures au Liban.

Conclusion

Il est certain que l’édition n’était pas à la mesure de nos souhaits, mais elle n’en demeure pas moins extrêmement importante car elle nous a permis de connaître le terrain et a contribué à nous faire prendre conscience de ce que nous devrions désormais faire pour élargir le réseau de nos partenaires et penser à aller vers d’autres villes au nord et au sud du pays.

Article de l’atelier de la critique                               

« Bla Cinéma » de Lamine Ammar-Khodja

La réalité a gagné à Alger ?

Par Christine Safi

Le film commence sur le réalisateur, dans la salle de cinéma, seul, face à face avec le film Tahia Ya Didou de Zinet. Sur l’écran, on voit un enfant qui descend les escaliers.
Dans la scène suivante, le réalisateur descend les mêmes escaliers, sur le même rythme, portant un casque et un micro à la main.
Une renaissance du cinéma Algérien ?
On le suit dans une rue populaire où la vie bat son plein et la contradiction entre l’intérieur de la salle et la rue nous frappe instantanément. On passe du noir, silence et solitude jusqu’à la lumière, les couleurs, la foule et le brouhaha dans la rue.

Dans les toutes premières conversations que Ammar-Khodja engage avec les personnes rencontrées au hasard, a priori, les personnes parlent du passé de cette salle de cinéma dans le centre d’Alger. Certaines même disent que le cinéma est pour l’ancienne génération est que la langue arabe est faite pour un discours; que c’est bizarre d’écouter l’arabe dialectal dans un film.
Ensuite, des personnes affirment ne plus venir au cinéma mais étant jeunes elles venaient pour flirter parce que personne ne voit rien dans le noir.
Une femme d’âge mûr dit même être plus attirée par les séries turques et leurs personnages avec lesquelles elle trouve plus d’affinités.
Plus le film avance plus on découvre que le cinéma n’a vraiment plus de rôle dans leur quotidien : il n’est plus qu’un site historique presque, sans plus. Les conversations se font de moins en moins sur le cinéma et plus sur leurs vies et leurs quotidiens.

On voit un homme assis sur le bord de la route, du côté de la salle de cinéma, regardant les femmes sur la place et disant qu’il aimerait au moins qu’on le prenne en photo avec une femme tout de même mais il reste assis à les regarder.
On se dissocie de la réalité pour un moment ; la musique, la seule fois où elle n’est pas diégétique, monte en crescendo petit à petit pendant que les images s’accélèrent.
Comme si c’était la salle qui observait les gens et le temps passer sans que personne ne daigne y entrer.

La dernière conversation à l’écran est celle d’une fille qui, à 18 ans, a perdu toutes ses illusions quand elle a perdu sa maison. Elle parle de voyage et de culture et rêve d’un futur qu’elle n’a vu que dans les films et dont elle sait qu’il ne se réalisera pas.

On comprend bientôt pourquoi : sur la scène de la salle de cinéma, un groupe d’enfants récitent des vers soit disant subjectifs, en arabe soutenu, sur la patrie, la langue arabe et la religion musulmane. Ils sont debout devant l’écran de cinéma qu’on ne voit presque pas d’ailleurs.
C’est comme si leur identité leur était inculquée depuis l’enfance, une identité où le cinéma n’a pas de place.

Le film se termine sur quelques hommes, qu’on ne voit pas mais qu’on entend, qui lèvent l’écran et une femme qui nettoie près de la porte au fond de la salle.
En contre-champ, le réalisateur est toujours seul dans la salle. Il disparaît dans le noir. On voit toujours la salle dans la pénombre et derrière lui la silhouette de la femme qui nettoie dans la lumière blanche rappelant l’écran de cinéma. L’image et le son disparaissent à leurs tours, à tour de rôle.

C’est la seule séquence champ contre champ dans le film et elle se passe dans la salle de cinéma. A l’extérieur, où se passe l’essentiel du film, les plans sont plus spontanés, moins construits. La caméra se balade dans la rue avec l’équipe et le spectateur et s’arrête pour dialoguer avec les passants.

La réalité a gagné à Alger.
Sur le film de Zinet, le temps s’est arrêté.

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